I- Histoire des Jeux Olympiques
A-Jeux antiques
B-Jeux Modernes
II- Les Ideaux olympiques
A- Philosophie des Jeux, idéaux européens
B-Dérive des idéaux
III- La politique Européenne à travers les Jeux
A- L'Allemagne et les deux guerres mondiales
B- Les pays de l'Europe de l'Est
C- L'influence de la guerre froide en Europe
IV- Economie
A- Les Jeux : tremplin économique ou gouffre financier ?
B- Financement des Jeux
Introduction
En 1992, les Jeux Olympiques d'hiver et d'été se sont
déroulés sur un même continent l'Europe. Ce lien géographique
n'est pas le seul qui
existe entre les Olympiades et l'Europe.
En effet, les origines du mouvement olympique se mêlent à
la création et aux fondements Européens. Et toute la longue
histoire des Jeux
est marquée par celle de l'Europe .
Quelles sont les raisons et les idéaux qui ont permis aux Olympiades
de traverser les temps? Et comment ont-ils évolué? Est-ce
que ce ne
sont pas les mêmes qui poussent les Européens à
créer une communauté sans frontière ?
De plus, les Jeux subissent l'influence de l'évolution politique
Européenne malgré la volonté de s'affranchir de la
situation internationale.
Comment s'est-elle fait sentir dans le déroulement et l'organisation
des Jeux ?
Les Olympiades, servant de vitrine politique, peuvent aussi s'avérer
être un enjeu économique important pour les organisateurs.
Comment
peut-on réussir à financer de telles manifestations?
I- Histoire des Jeux Olympiques
A-Jeux antiques
La création des Jeux Olympiques remonte à la Grèce
Antique qui est aussi le berceau de l'Europe. L'origine des Jeux est encore
une énigme,
et il existe à ce sujet plusieurs interprétations. Elle
est associée à la célébration de victoires
guerrières et aux rois grecs souhaitant obtenir
la faveur des Dieux. Dans la mythologie, c'est Héraclès
fêtant le triomphe de Zeus sur le Dieu Cronos qui instaura les Jeux;
ou Pélops,
vainqueur par tricherie du roi de Pise dans une course de chars qui
remercia les Dieux. Cependant on peut trouver de nombreuses autres
formes du mythe fondateur des J.O. Mais c'est en 776 avant Jésus-Christ
que l'on rencontre des traces de la première restauration des Jeux
sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Elis, soucieux d'arrêter les
guerres fratricides entre les différents peuples helléniques.
Les premiers Jeux
eurent lieu entre les villes de Sparte et d'Elis, à Olympie,
ville sacrée, en été et ils se renouvelèrent
tous les quatre ans. Pendant les épreuves
(quatre jours) , toutes les guerres cessèrent (trêve sacrée).
Les grecs faisaient alors le culte du corps et de l'exploit sportif mais
une grande
partie des Jeux revenaient aux fêtes religieuses dédiées
à Zeus. C'est en 393 après Jésus-Christ, que l'empereur
Théodose supprima les
Jeux pour cause de polythéisme. De plus, l'idéal religieux
et sportif des premiers Jeux s'était transformé en un appât
du gain.
B-Jeux Modernes
Au cours des siècles, de nombreuses tentatives furent faites
pour restaurer les Olympiades, par exemple en France et en Allemagne
pendant la Renaissance ou en Grèce en 1829, mais faute de moyens
financiers ou techniques et de popularité, elles ont échoué.
C'est seulement à la fin du XIXème siècle, sur
l'initiative de Pierre de Fredy, baron de Coubertin, que l'idée
d'une renaissance des Jeux
Olympiques se forme. Ce français était fasciné
par les liens entre le sport et l'éducation, surtout en Angleterre.
Il voulut alors étendre
cette philosophie du sport à toute l'Europe et au reste du monde.
Après avoir rencontré l'indifférence, puis de nombreuses
oppositions,
Pierre de Coubertin rassembla l'opinion en 1894 lors d'un congrès
international d'éducation physique. Aussitôt après,
un comité olympique
(C.I.O.) était créé. Le mouvement olympique, lancé
en 1894 et toujours en vigueur aujourd'hui, avait pour objet de contribuer
à bâtir un
monde pacifique par l'éducation de la jeunesse par le sport.
Les premiers Jeux modernes eurent lieu en 1896 en Grèce enthousiasmée
par
cette renaissance; mais de nombreux problèmes financiers apparurent.
C'est pourquoi en 1900, les Jeux organisés à Paris étaient
associés
à l'exposition universelle qui fit alors ombre au sport. Les
Jeux Olympiques se sont déroulés tous les quatre ans sauf
pendant les guerres,
en 1916, 1940, 1944. Ils se déroulent en général
en juillet ou août pendant 16 jours maximum. Pour leur part, les
Jeux d'Hiver sont apparus
pour la première fois en 1924 à Chamonix.
II- Les Ideaux olympiques
A- Philosophie des Jeux, idéaux européens
La tenue des Jeux Olympiques a traversé les époques et les crises mais qu'en est-il des idéaux vantés par le baron de Coubertin?
C'est dans la Charte Olympique, créée en 1896 que l'on
trouve les principes fondamentaux du mouvement olympique. C'est toujours
sur
ce document que se repose l'organisation des Jeux. Pierre de Coubertin
ainsi que les six autres membres fortunés du C.I.O. en 1896
avaient pour objet de former une philosophie de vie à travers
le sport s'appuyant sur la culture du corps et de l'esprit. Ils souhaitaient
par
là, "encourager l'établissement d'une société
pacifique soucieuse de préserver la dignité humaine".
La pratique du sport, comme elle est
décrite dans l'article 6 se fait sans discrimination raciale,
sociale ou de sexe. Il faut pourtant rappeler que le baron de Coubertin
tenait à
ce que les femmes soient exclues des Jeux. En 1900, douze femmes participèrent
aux J.O. de Paris mais dans les mêmes épreuves que
les hommes. En 1920 le C.I.O. refusa la création d'épreuves
féminines, ce qui le reflet de la situation sociale des femmes au
début du
siècle. C'est sur l'initiative d'Alice Milliat que des Jeux
mondiaux ou Olympiques féminins furent organisés en signe
de représailles dès
1921. Le C.I.O. reconnut la participation des femmes à partir
de 1928 à Amsterdam. Aux Jeux de Berlin, Hitler était aussi
opposé à la
présence des femmes aux épreuves sportives. D'un autre
côté les idées de Pierre de Coubertin étaient
racistes et il s'amusa des
compétitions entre "primitifs" aux Jeux de Saint Louis en 1904.
On retrouve cet état d'esprit raciste surtout à Berlin en
1936 où Hitler
ne félicita pas les athlètes noirs ou juifs alors qu'il
le faisait pour tous les autres vainqueurs. L'un des idéaux olympiques
est aussi
l'amateurisme, la recherche de l'exploit dans un contexte de concurrence
mais toujours dans un esprit de camaraderie et de fair-play.
Les membres du C.I.O. et tous les compétiteurs recherchent le
rassemblement des peuples dans un esprit chevaleresque en oubliant
toutes différences sociales, sociales ou économiques
(serment olympique). D'où les symboles des Jeux : le drapeau aux
cinq anneaux
illustre l'union des cinq continents et l'importance de l'esprit mondial
sur le nationalisme. "Les Jeux sont des compétitions entre
individus et non entre nations." Quant à elle, la flamme
représente l'esprit, le savoir et la vie, mais dans l'Antiquité,
elle appelait à la
trêve sacrée pendant les Jeux. Cet arrêt des guerres
est aussi une des plus grandes volontés du baron de Coubertin qui
voulait ainsi
montrer l'aspect apolitique des Olympiades. D'autre part, les athlètes
doivent être amateurs et ne pas recevoir de rétribution pour
leur
victoire. Les idéaux olympiques des premiers Jeux prônant
"l'internationalisme et la démocratie" sont rapidement devenus une
philosophie mondiale. Ces idées se retrouvent maintes fois dans
les ambitions et la conception de la Communauté Européenne.
Ainsi en
1992, lors des J.O. d'Albertville et de Barcelone, une campagne d'information
a été créée par la CEE et plusieurs ouvrages
furent rédigés.
La Communauté Européenne, partenaire institutionnel a
aussi permis la création d'un nouveau mode de diffusion de télévision
haute
définition (TVHD) pour la retransmission de ces Jeux. Les J.O.
ont toujours eu un esprit de justice et d'impartialité donnant à
tous les
athlètes les mêmes chances, c'est aussi ainsi que se définit
la CEE qui souhaite offrir à tous les européens les mêmes
opportunités au
niveau du travail et du mode de vie ainsi que les mêmes avantages
sociaux et les mêmes droits devant la justice. On peut faire un parallèle
entre le même idéal qui pousse les athlètes à
donner le meilleur d'eux-- mêmes pour gagner et l'européen
qui recherche le rassemblement
des hommes au sein d'une même communauté.
B-Dérive des idéaux
La philosophie de l'Olympisme s'oppose donc au matérialisme et
à toute forme de ségrégation, mais seulement dans
la théorie, car cette
conception du sport n'est plus souvent respectée.
Les Jeux Olympiques sont tout d'abord sujet à un monnayage de
plus en plus important à tout point de vue. Le C.I.O. était
dans le passé
une association sans but lucratif mais depuis 1980, le nouveau président
Juan Antonio Samaranch a prouvé que "le sport ne pourrait plus
vivre aujourd'hui sans sa commercialisation nécessaire et
inévitable". C'est pourquoi les partenaires financiers sont
maintenant
indispensables pour l'organisation des Jeux au niveau de toutes les
infrastructures et du budget global où les médias entrent
aussi en
jeu. D'un point de vue économique, on peut aussi parler de la
participation de certains athlètes appelés "Coubertins" qui
viennent aux
Jeux pour participer et pour représenter leur pays souvent petit
ou en voie de développement. En effet ces sportifs vont bientôt
disparaître
car leur participation accroît les dépenses de logement
et d'organisation des épreuves. Le célèbre "l'important,
c'est de participer" n'est
plus de rigueur. La course aux jeux, la volonté de participer
et de gagner a souvent poussé les athlètes à la tricherie
et au dopage malgré les
risques d'expulsion. Certaines sportives vont même jusqu'à
être enceinte pour augmenter leur capacité musculaire et ensuite
avortent !
L'autre problème, au niveau des sportifs est le professionnalisme
interdit par le C.I.O. jusqu'en 1972. Cette idée de l'exploit pour
l'exploit
a tendance à disparaître et l'argent est devenu l'un des
facteurs majeurs des Jeux. On retrouve aussi sa présence dans le
choix des pays
organisateurs. En effet plus qu'un symbole historique, le pays hôte
est plus souvent désigné sur des critères politiques
et surtout
économiques et sociaux, ce qui écarte les pays du tiers
monde. On peut citer comme exemple le choix d'Atlanta, ville du géant
commercial
Coca-Cola pour les Jeux de 1996 au détriment d'Athènes
symbole des Jeux antiques et qui souhaitait fêter le centenaire des
Olympiades
modernes.
La politique est l'une des causes de la dérive de l'idéal
olympique. Mais ce n'est pas seulement dans le choix du pays Hôte
que l'on peut
voir l'influence de la politique et plus particulièrement en
Europe. En effet les Jeux Olympiques, comme toute autre manifestation
internationale sportive ou non, dépendent de la situation mondiale.
Ainsi, à travers l'organisation des jeux, la présence ou
l'absence de
certains états, nous pouvons voir le reflet de l'évolution
politique de l'Europe.
III- La politique Européenne à travers les Jeux
A- L'Allemagne et les deux guerres mondiales
Les faits majeurs de notre siècle et qui influencèrent
le plus le déroulement des jeux furent les deux guerres mondiales.
Déjà en 1894, Pierre
de Coubertin était contre la présence de membres allemands
dans le C.I.O., gardant en mémoire la défaite française
de 1870, malgré sa volonté
de séparer politique et sport. La participation d'une équipe
allemande à Athènes, Paris puis St Louis n'est due qu'à
Willibald Guebhardt qui
rassembla des fonds privés pour constituer une délégation.
Cependant en 1912 Berlin fut choisi pour l'organisation des Jeux de 1916
malgré
le climat trouble en Europe. En fait, Pierre de Coubertin pensait que
la tenue des Jeux écarterait l'Allemagne de ses intentions belliqueuses.
Certain que la guerre serait de courte durée et victorieuse,
Berlin ne retira pas sa candidature en 1914. Ce n'est qu'en 1916, peu avant
le
début théorique des épreuves, que les J.O. furent
annulés pour la première fois de leur histoire. Aux Jeux
d'Anvers en 1920, sous la pression
des alliés, l'Allemagne, l'Autriche, la Bulgarie, la Hongrie
et l'URSS furent exclues des jeux. Mais cette Olympiade a surtout été
marquée
par l'absence de nombreux sportifs morts à la guerre et par
les problèmes de reconstruction, en Belgique. Cependant ce qui ébranla
le plus
l'apolitisme des J.O. fût leur utilisation comme propagande des
idées hitlériennes lors des jeux de Garmish Partenkirschen
et surtout de
Berlin en 1936. En effet les Jeux Olympiques et le sport en général
mettent en valeur les athlètes, leur manière de s'entraîner
mais aussi
leur pays. Les J.O. sont donc un bon moyen de vanter un régime
politique, une culture et des idéologies devant le monde entier.
Aux Jeux
allemands, seulement les aryens étaient autorisés à
participer; les juifs ne pouvaient plus depuis déjà longtemps
avoir accès aux installations
sportives. L'équipe américaine et surtout ses athlètes
noirs remportèrent de nombreuses victoires. La réussite de
ces "auxiliaires noirs"
ébranla l'idéologie nazie. Hitler ne félicita
que les athlètes allemands et "bouda" les autres vainqueurs, le
président du C.I.O. lui fit remarquer
et il ne salua plus personne. Les Jeux de Berlin furent une réussite
malgré la propagande visible partout et les quelques rares oppositions
des journaux et des athlètes du reste du monde. L'Europe puis
le monde allait plonger dans six ans de guerre et aucun pays ne dénonça
la
dictature mise en place par Hitler. A la suite de la seconde guerre
mondiale, l'Allemagne et le Japon furent bannis des Jeux. En 1952, la R.F.A.
envoie une équipe mais pas la R.D.A. En 1956, une seule délégation
représente les deux pays. Après la construction du mur de
Berlin en 1962,
les deux équipes sont séparées et se livrent une
lutte acharnée pour les médailles jusqu'en 1988. La chute
du mur et la réunification allemande
entraîne le rassemblement des fédérations sportives
qui envoient alors une seule équipe aux Jeux de 1992. La compétition
qui s'est établie
entre les deux délégations symbolise bien l'opposition
des deux politiques qui coexistaient en Europe. L'Allemagne est encore
aujourd'hui
sujet à polémique avec la candidature de Berlin pour
les Jeux de l'an 2000. En effet celle ci provoque des manifestations souvent
violentes
contre l'organisation des jeux dans la capitale allemande. Compte tenu
de la poussée de l'idéologie néo-nazie depuis ces
dernières années,
on peut craindre que ces Jeux ne favorisent l'extension de ce mouvement.
B- Les pays de l'Europe de l'Est
L'autre événement historique européen d'origine
politique et idéologique de ce siècle est l'évolution
de la situation des pays de l'Est.
D'abord, l'Allemagne de l'Est, comme on l'a vu précédemment,
a tenté de vanter les mérites de sa politique communiste
à travers ses effets
sur les sportifs. Puis à la suite de la perestroîka en
URSS entraînant une crise politique dans le bloc de l'Est, la R.D.A.
et la R.F.A. se sont
réunifiées. En 1980, l'URSS fut l'objet de la plus grande
controverse depuis les jeux de Berlin avec le boycottage des Jeux de Moscou.
Les
raisons invoquées furent l'invasion des soviétiques en
Afghanistan en décembre 1979, la mise en résidence surveillée
en Sibérie de l'écrivain
Sakharov pour sa critique du système communiste et le non respect
des droits de l'homme par le régime de Leonid Brejnev. Cinquante-huit
nations dont les USA refusèrent de participer aux Jeux pour
attirer l'attention des pays de l'Est tel que la R.D.A., sur les dangers
de la
politique soviétique. En retour de ce boycott massif, l'URSS
et 16 autres pays communistes ne participèrent pas aux Jeux de 1984
à
Los Angeles. C'est avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir que
la situation politique soviétique a changé. Ainsi, les derniers
J.O. ont été
marqués par l'absence de drapeaux et d'hymnes nationaux lors
des remises de médailles. En effet la participation d'une équipe
unifiée et
non pas soviétique reflétait la fin de l'URSS. Les athlètes,
de l'une des plus grandes équipes d'Europe et du monde, ont, depuis
1992, été
dispersés en de nombreuses et souvent minimes délégations
de nations en crises politiques, économiques et sociales; et cela
malgré la
fraternité qui unissait les sportifs de l'ex-URSS. Les J.O.
ont aussi été les spectateurs de l'indépendance des
pays baltes avec la
participation de trois équipes nationales différentes
pour l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie. Ils furent aussi le reflet
de l'éclatement de
la Yougoslavie avec la seule participation d'une équipe Croate
aux Jeux de Barcelone après la reconnaissance de l'indépendance
de cet
état par l'ONU en mars 1992 sachant qu'à Albertville
une délégation unique représentait encore toute la
Yougoslavie. Il faut aussi
évoquer les événements de 1956 et la crise de
Budapest qui se placent dans le contexte de la guerre froide. A la suite
de la répression
par les chars de l'insurrection hongroise contre la domination soviétique
la Suisse, l'Espagne et les Pays Bas n'envoyèrent pas de
délégations à Melbourne. L'équipe hongroise
porta un brassard noir et sur 112 membres, 68 restèrent dans la
ville hôte pour ensuite
émigrer aux Etats Unis.
C- L'influence de la guerre froide en Europe
Mais les Jeux de 1956 laissèrent aussi filtrer d'autres tensions
politiques liées à l'affaire du canal de Suez. L'Egypte,
l'Irak et le Liban
ne participèrent pas aux Jeux car ils n'avaient pas obtenu d'exclusion
des équipes françaises et anglaises ainsi que celle d'Israël.
Cependant les Jeux ne furent pas seulement le reflet de la situation
politique internationale, mais aussi le théâtre d'actions
terroristes
en Europe à Munich en 1972. Les Jeux sont malheureusement un
moyen d'attirer l'attention sur des problèmes politiques graves.
A Munich,
huit terroristes palestiniens prirent en otage huit athlètes
israéliens. Le gouvernement allemand, heureux de pouvoir se racheter
des Jeux de
1936 ne sut pas faire face à la situation. A la suite d'un assaut
de la police allemande, tous les otages, des policiers et des membres du
complot furent tués.
Le mouvement olympique, comme le souhaitait Pierre de Coubertin n'a
pas pu et ne pourra sans doute jamais exister indépendamment de
la
politique, comme le disait Avery Brundage président du C.I.O.
en 1956 : "Autrefois les nations interrompaient leurs guerres pour prendre
part aux Jeux. Aujourd'hui nous interrompons les Jeux pour poursuivre
nos guerres."
IV- Economie
A- Les Jeux : tremplin économique ou gouffre financier ?
Plus qu'une vitrine politique, les Jeux Olympiques représentent
un enjeu économique pour le pays organisateur mais ils se sont souvent
avérés être à la source de gouffres financiers.
Les Jeux d'Anvers en 1920 et ceux de Londres en 1948 laissèrent
transparaître les problèmes
de la reconstruction consécutive aux deux guerres mondiales,
même si les jeux n'eurent pas de répercussions sur l'économie
de ces pays,
les Olympiades passant au second plan. Les Jeux de Chamonix en 1924
ne coûtèrent que 300 000 francs. Mais c'est aussi en France
à
Grenoble en 1968 que l'on se préoccupa pour la première
fois des retombées économiques de cette manifestation. En
effet plus de 500
millions de francs ont été investis pour permettre à
la ville de moderniser son équipement sportif et touristique. Pour
le gouvernement ces
Jeux devaient permettre la conquête du marché touristique
international et influencer par conséquent l'expansion de l'industrie
française.
Cependant, on parle encore aujourd'hui du remboursement de ces Jeux
à Grenoble, même s'ils ont permis la modernisation de la ville
indispensable à l'époque, surtout au niveau du réseau
routier. Les problèmes furent beaucoup plus importants à
Munich en 1972 où le budget
définitif dépassa de 350% les estimations initiales.
En 1976, à Innsbruck, le coût des Jeux fut multiplié
par cinq. La volonté d'organiser à
chaque fois les plus beaux Jeux a souvent poussé les organisateurs
à des dépenses astronomiques . Les Jeux de Montréal
(1976) furent le
plus grand gouffre financier. Mais le plus souvent, les Olympiades
ont été un réel tremplin économique, industriel
et touristique. En effet,
après 1976, les organisateurs tentèrent de ne pas tomber
dans des excès financiers? Les Jeux d'été de 1992
à Barcelone sont un bon exemple
de l'utilisation du mouvement olympique comme tremplin Européen.
A travers la télévision et grâce à l'attraction
des spectateurs, l'Espagne
a su montrer ses qualités touristiques mais aussi industrielles
à tous les pays Européens. Elle a réussi à
se hisser au rang d'une puissance
utile à la CEE. Albertville s'est aussi servi de l'opportunité
d'organiser les Jeux d'hiver pour vanter son industrie, pour se doter en
4 ans
d'un complexe routier que la région aurait construit en 10 ans
sans la dynamique des Jeux. De plus, ils ont créé de nombreux
emplois dans
les secteurs de travaux publics et dans l'immobilier. Ils ont aussi
poussé à la création d'entreprises à vocation
souvent Européenne, aidée
par la situation géographique de la Savoie au coeur de l'Europe.
D'autre part, l'écologie tient maintenant une place importante dans
le choix
des sites et des installations sportives. A Albertville, les organisateurs
se sont souciés de préserver l'environnement lors de la construction
de sites de compétition. Mais c'est surtout avec les prochains
Jeux de 1994 à Lillehammer que le facteur écologique sera
le plus pris en
compte, la préservation de la nature étant l'une des
principales luttes de la Norvège. Pour les Norvégiens, les
J.O. représentent aussi un
moyen de valoriser leurs ambitions Européennes.
Les Jeux ne sont plus depuis 1976 considérés comme un
simple événement sportif mais ils génèrent
une activité économique importante
dont les conséquences peuvent être catastrophiques mais,
heureusement le plus souvent, très profitables pour les pays hôtes.
Les masses
financières engagées sont souvent phénoménales
et ce n'est que grâce à la commercialisation de l'emblème
des Jeux par les partenaires et
avec l'aide de la télévision que le budget reste équilibré.
B- Financement des Jeux
Le financement des Jeux est depuis 1980 réglé par le C.I.O..
Les bénéfices des Jeux servent à couvrir les dépenses,
et le solde est consacré
aux sports par le programme de solidarité olympique. La plus
grande partie du financement des Jeux provient des droits de retransmission
télévisée. Les Jeux de Rome furent les premiers
à être retransmis en Eurovision. Depuis, les droits de diffusion
n'ont cessé de croître.
A Albertville, ils ont atteint 1,236 milliards de francs dont 926 millions
pour la chaîne américaine CBS. D'autre part, le financement
des Jeux
provient de l'utilisation réglementée des différents
symboles olympiques. Aux Jeux d'Albertville, cela a rapporté 1,12
milliards de francs. Mais
les Jeux, financés jusqu'en 1948 par les membres du C.I.O.,
sont maintenant payés par les sponsors, partenaires officiels et
autres parrains
qui peuvent, eux aussi, utiliser les emblèmes olympiques. Depuis
1988, le C.I.O. a créé le TOP, programme regroupant une dizaine
d'entreprises
internationales qui peuvent commercialiser l'ensemble des épreuves
dans le monde entier. Ils apportèrent 145 millions de francs à
Albertville.
Ensuite d'autres entreprises (club Coubertin en Savoie) peuvent utiliser
l'emblème olympique dans le pays organisateur seulement. Cela
représentait 762 millions de francs en France. Les fournisseurs
officiels permettent aussi de réduire les dépenses en donnant
l'alimentation,
l'habillement, le matériel de bureau et médical. Il faut
souligner la présence depuis 1928 de la firme Coca-Cola dans tous
les Jeux Olympiques.
L'investissement colossal de la Compagnie dans ces manifestations a
peut-être joué dans le choix d'Atlanta, siège de la
société, pour les
Jeux de 1996.
Les Jeux sont aujourd'hui un vrai calcul économique, tant du
point de vue de l'organisation et de la rentabilité, que de celui
des conséquences
socio-économiques engendrées par la notoriété
qui découle de cette manifestation.
Les Jeux Olympiques, dont les ambitions furent d'abord européennes,
sont devenus une véritable religion universelle du XXème
siècle,
grâce à la philosophie de Pierre de Coubertin mettant
en valeur la démocratie, l'union des athlètes et des nations
vers un même idéal:
la recherche de la perfection. Malgré le poids grandissant
de la politique et l'enjeu économique qu'il représente aujourd'hui,
les Jeux
Olympiques resteront une manifestation sportive d'exception.