Les Jeux Olympiques et l'Europe

I- Histoire des Jeux Olympiques

A-Jeux antiques

B-Jeux Modernes
 
 

II- Les Ideaux olympiques 

A- Philosophie des Jeux, idéaux européens

B-Dérive des idéaux
 
 

III- La politique Européenne à travers les Jeux

A- L'Allemagne et les deux guerres mondiales

B- Les pays de l'Europe de l'Est

C- L'influence de la guerre froide en Europe
 
 

IV- Economie 

A- Les Jeux : tremplin économique ou gouffre financier ?

B- Financement des Jeux

Introduction

En 1992, les Jeux Olympiques d'hiver et d'été se sont déroulés sur un même continent l'Europe. Ce lien géographique n'est pas le seul qui
existe entre les Olympiades et l'Europe.

En effet, les origines du mouvement olympique se mêlent à la création et aux fondements Européens. Et toute la longue histoire des Jeux
est marquée par celle de l'Europe .

Quelles sont les raisons et les idéaux qui ont permis aux Olympiades de traverser les temps? Et comment ont-ils évolué? Est-ce que ce ne
sont pas les mêmes qui poussent les Européens à créer une communauté sans frontière ?

De plus, les Jeux subissent l'influence de l'évolution politique Européenne malgré la volonté de s'affranchir de la situation internationale.
Comment s'est-elle fait sentir dans le déroulement et l'organisation des Jeux ?

Les Olympiades, servant de vitrine politique, peuvent aussi s'avérer être un enjeu économique important pour les organisateurs. Comment
peut-on réussir à financer de telles manifestations?
 

I- Histoire des Jeux Olympiques

A-Jeux antiques

 La création des Jeux Olympiques remonte à la Grèce Antique qui est aussi le berceau de l'Europe. L'origine des Jeux est encore une énigme,
et il existe à ce sujet plusieurs interprétations. Elle est associée à la célébration de victoires guerrières et aux rois grecs souhaitant obtenir
la faveur des Dieux. Dans la mythologie, c'est Héraclès fêtant le triomphe de Zeus sur le Dieu Cronos qui instaura les Jeux; ou Pélops,
vainqueur par tricherie du roi de Pise dans une course de chars qui remercia les Dieux. Cependant on peut trouver de nombreuses autres
formes du mythe fondateur des J.O. Mais c'est en 776 avant Jésus-Christ que l'on rencontre des traces de la première restauration des Jeux
sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Elis, soucieux d'arrêter les guerres fratricides entre les différents peuples helléniques. Les premiers Jeux
eurent lieu entre les villes de Sparte et d'Elis, à Olympie, ville sacrée, en été et ils se renouvelèrent tous les quatre ans. Pendant les épreuves
(quatre jours) , toutes les guerres cessèrent (trêve sacrée). Les grecs faisaient alors le culte du corps et de l'exploit sportif mais une grande
partie des Jeux revenaient aux fêtes religieuses dédiées à Zeus. C'est en 393 après Jésus-Christ, que l'empereur Théodose supprima les
Jeux pour cause de polythéisme. De plus, l'idéal religieux et sportif des premiers Jeux s'était transformé en un appât du gain.

B-Jeux Modernes

Au cours des siècles, de nombreuses tentatives furent faites pour restaurer les Olympiades, par exemple en France et en Allemagne
pendant la Renaissance ou en Grèce en 1829, mais faute de moyens financiers ou techniques et de popularité, elles ont échoué.

C'est seulement à la fin du XIXème siècle, sur l'initiative de Pierre de Fredy, baron de Coubertin, que l'idée d'une renaissance des Jeux
Olympiques se forme. Ce français était fasciné par les liens entre le sport et l'éducation, surtout en Angleterre. Il voulut alors étendre
cette philosophie du sport à toute l'Europe et au reste du monde. Après avoir rencontré l'indifférence, puis de nombreuses oppositions,
Pierre de Coubertin rassembla l'opinion en 1894 lors d'un congrès international d'éducation physique. Aussitôt après, un comité olympique
(C.I.O.) était créé. Le mouvement olympique, lancé en 1894 et toujours en vigueur aujourd'hui, avait pour objet de contribuer à bâtir un
monde pacifique par l'éducation de la jeunesse par le sport. Les premiers Jeux modernes eurent lieu en 1896 en Grèce enthousiasmée par
cette renaissance; mais de nombreux problèmes financiers apparurent. C'est pourquoi en 1900, les Jeux organisés à Paris étaient associés
à l'exposition universelle qui fit alors ombre au sport. Les Jeux Olympiques se sont déroulés tous les quatre ans sauf pendant les guerres,
en 1916, 1940, 1944. Ils se déroulent en général en juillet ou août pendant 16 jours maximum. Pour leur part, les Jeux d'Hiver sont apparus
pour la première fois en 1924 à Chamonix.
 
 

II- Les Ideaux olympiques 

A- Philosophie des Jeux, idéaux européens
 

La tenue des Jeux Olympiques a traversé les époques et les crises mais qu'en est-il des idéaux vantés par le baron de Coubertin?

C'est dans la Charte Olympique, créée en 1896 que l'on trouve les principes fondamentaux du mouvement olympique. C'est toujours sur
ce document que se repose l'organisation des Jeux. Pierre de Coubertin ainsi que les six autres membres fortunés du C.I.O. en 1896
avaient pour objet de former une philosophie de vie à travers le sport s'appuyant sur la culture du corps et de l'esprit. Ils souhaitaient par
là, "encourager l'établissement d'une société pacifique soucieuse de préserver la dignité humaine". La pratique du sport, comme elle est
décrite dans l'article 6 se fait sans discrimination raciale, sociale ou de sexe. Il faut pourtant rappeler que le baron de Coubertin tenait à
ce que les femmes soient exclues des Jeux. En 1900, douze femmes participèrent aux J.O. de Paris mais dans les mêmes épreuves que
les hommes. En 1920 le C.I.O. refusa la création d'épreuves féminines, ce qui le reflet de la situation sociale des femmes au début du
siècle. C'est sur l'initiative d'Alice Milliat que des Jeux mondiaux ou Olympiques féminins furent organisés en signe de représailles dès
1921. Le C.I.O. reconnut la participation des femmes à partir de 1928 à Amsterdam. Aux Jeux de Berlin, Hitler était aussi opposé à la
présence des femmes aux épreuves sportives. D'un autre côté les idées de Pierre de Coubertin étaient racistes et il s'amusa des
compétitions entre "primitifs" aux Jeux de Saint Louis en 1904. On retrouve cet état d'esprit raciste surtout à Berlin en 1936 où Hitler
ne félicita pas les athlètes noirs ou juifs alors qu'il le faisait pour tous les autres vainqueurs. L'un des idéaux olympiques est aussi
l'amateurisme, la recherche de l'exploit dans un contexte de concurrence mais toujours dans un esprit de camaraderie et de fair-play.
Les membres du C.I.O. et tous les compétiteurs recherchent le rassemblement des peuples dans un esprit chevaleresque en oubliant
toutes différences sociales, sociales ou économiques (serment olympique). D'où les symboles des Jeux : le drapeau aux cinq anneaux
illustre l'union des cinq continents et l'importance de l'esprit mondial sur le nationalisme. "Les Jeux sont des compétitions entre
individus et non entre nations." Quant à elle, la flamme représente l'esprit, le savoir et la vie, mais dans l'Antiquité, elle appelait à la
trêve sacrée pendant les Jeux. Cet arrêt des guerres est aussi une des plus grandes volontés du baron de Coubertin qui voulait ainsi
montrer l'aspect apolitique des Olympiades. D'autre part, les athlètes doivent être amateurs et ne pas recevoir de rétribution pour leur
victoire. Les idéaux olympiques des premiers Jeux prônant "l'internationalisme et la démocratie" sont rapidement devenus une
philosophie mondiale. Ces idées se retrouvent maintes fois dans les ambitions et la conception de la Communauté Européenne. Ainsi en
1992, lors des J.O. d'Albertville et de Barcelone, une campagne d'information a été créée par la CEE et plusieurs ouvrages furent rédigés.
La Communauté Européenne, partenaire institutionnel a aussi permis la création d'un nouveau mode de diffusion de télévision haute
définition (TVHD) pour la retransmission de ces Jeux. Les J.O. ont toujours eu un esprit de justice et d'impartialité donnant à tous les
athlètes les mêmes chances, c'est aussi ainsi que se définit la CEE qui souhaite offrir à tous les européens les mêmes opportunités au
niveau du travail et du mode de vie ainsi que les mêmes avantages sociaux et les mêmes droits devant la justice. On peut faire un parallèle
entre le même idéal qui pousse les athlètes à donner le meilleur d'eux-- mêmes pour gagner et l'européen qui recherche le rassemblement
des hommes au sein d'une même communauté.

B-Dérive des idéaux

La philosophie de l'Olympisme s'oppose donc au matérialisme et à toute forme de ségrégation, mais seulement dans la théorie, car cette
conception du sport n'est plus souvent respectée.

Les Jeux Olympiques sont tout d'abord sujet à un monnayage de plus en plus important à tout point de vue. Le C.I.O. était dans le passé
une association sans but lucratif mais depuis 1980, le nouveau président Juan Antonio Samaranch a prouvé que "le sport ne pourrait plus
vivre aujourd'hui sans sa commercialisation nécessaire et inévitable". C'est pourquoi les partenaires financiers sont maintenant
indispensables pour l'organisation des Jeux au niveau de toutes les infrastructures et du budget global où les médias entrent aussi en
jeu. D'un point de vue économique, on peut aussi parler de la participation de certains athlètes appelés "Coubertins" qui viennent aux
Jeux pour participer et pour représenter leur pays souvent petit ou en voie de développement. En effet ces sportifs vont bientôt disparaître
car leur participation accroît les dépenses de logement et d'organisation des épreuves. Le célèbre "l'important, c'est de participer" n'est
plus de rigueur. La course aux jeux, la volonté de participer et de gagner a souvent poussé les athlètes à la tricherie et au dopage malgré les
risques d'expulsion. Certaines sportives vont même jusqu'à être enceinte pour augmenter leur capacité musculaire et ensuite avortent !
L'autre problème, au niveau des sportifs est le professionnalisme interdit par le C.I.O. jusqu'en 1972. Cette idée de l'exploit pour l'exploit
a tendance à disparaître et l'argent est devenu l'un des facteurs majeurs des Jeux. On retrouve aussi sa présence dans le choix des pays
organisateurs. En effet plus qu'un symbole historique, le pays hôte est plus souvent désigné sur des critères politiques et surtout
économiques et sociaux, ce qui écarte les pays du tiers monde. On peut citer comme exemple le choix d'Atlanta, ville du géant commercial
Coca-Cola pour les Jeux de 1996 au détriment d'Athènes symbole des Jeux antiques et qui souhaitait fêter le centenaire des Olympiades
modernes.

La politique est l'une des causes de la dérive de l'idéal olympique. Mais ce n'est pas seulement dans le choix du pays Hôte que l'on peut
voir l'influence de la politique et plus particulièrement en Europe. En effet les Jeux Olympiques, comme toute autre manifestation
internationale sportive ou non, dépendent de la situation mondiale. Ainsi, à travers l'organisation des jeux, la présence ou l'absence de
certains états, nous pouvons voir le reflet de l'évolution politique de l'Europe.

III- La politique Européenne à travers les Jeux

A- L'Allemagne et les deux guerres mondiales
 

Les faits majeurs de notre siècle et qui influencèrent le plus le déroulement des jeux furent les deux guerres mondiales. Déjà en 1894, Pierre
de Coubertin était contre la présence de membres allemands dans le C.I.O., gardant en mémoire la défaite française de 1870, malgré sa volonté
de séparer politique et sport. La participation d'une équipe allemande à Athènes, Paris puis St Louis n'est due qu'à Willibald Guebhardt qui
rassembla des fonds privés pour constituer une délégation. Cependant en 1912 Berlin fut choisi pour l'organisation des Jeux de 1916 malgré
le climat trouble en Europe. En fait, Pierre de Coubertin pensait que la tenue des Jeux écarterait l'Allemagne de ses intentions belliqueuses.
Certain que la guerre serait de courte durée et victorieuse, Berlin ne retira pas sa candidature en 1914. Ce n'est qu'en 1916, peu avant le
début théorique des épreuves, que les J.O. furent annulés pour la première fois de leur histoire. Aux Jeux d'Anvers en 1920, sous la pression
des alliés, l'Allemagne, l'Autriche, la Bulgarie, la Hongrie et l'URSS furent exclues des jeux. Mais cette Olympiade a surtout été marquée
par l'absence de nombreux sportifs morts à la guerre et par les problèmes de reconstruction, en Belgique. Cependant ce qui ébranla le plus
l'apolitisme des J.O. fût leur utilisation comme propagande des idées hitlériennes lors des jeux de Garmish Partenkirschen et surtout de
Berlin en 1936. En effet les Jeux Olympiques et le sport en général mettent en valeur les athlètes, leur manière de s'entraîner mais aussi
leur pays. Les J.O. sont donc un bon moyen de vanter un régime politique, une culture et des idéologies devant le monde entier. Aux Jeux
allemands, seulement les aryens étaient autorisés à participer; les juifs ne pouvaient plus depuis déjà longtemps avoir accès aux installations
sportives. L'équipe américaine et surtout ses athlètes noirs remportèrent de nombreuses victoires. La réussite de ces "auxiliaires noirs"
ébranla l'idéologie nazie. Hitler ne félicita que les athlètes allemands et "bouda" les autres vainqueurs, le président du C.I.O. lui fit remarquer
et il ne salua plus personne. Les Jeux de Berlin furent une réussite malgré la propagande visible partout et les quelques rares oppositions
des journaux et des athlètes du reste du monde. L'Europe puis le monde allait plonger dans six ans de guerre et aucun pays ne dénonça la
dictature mise en place par Hitler. A la suite de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne et le Japon furent bannis des Jeux. En 1952, la R.F.A.
envoie une équipe mais pas la R.D.A. En 1956, une seule délégation représente les deux pays. Après la construction du mur de Berlin en 1962,
les deux équipes sont séparées et se livrent une lutte acharnée pour les médailles jusqu'en 1988. La chute du mur et la réunification allemande
entraîne le rassemblement des fédérations sportives qui envoient alors une seule équipe aux Jeux de 1992. La compétition qui s'est établie
entre les deux délégations symbolise bien l'opposition des deux politiques qui coexistaient en Europe. L'Allemagne est encore aujourd'hui
sujet à polémique avec la candidature de Berlin pour les Jeux de l'an 2000. En effet celle ci provoque des manifestations souvent violentes
contre l'organisation des jeux dans la capitale allemande. Compte tenu de la poussée de l'idéologie néo-nazie depuis ces dernières années,
on peut craindre que ces Jeux ne favorisent l'extension de ce mouvement.

B- Les pays de l'Europe de l'Est

L'autre événement historique européen d'origine politique et idéologique de ce siècle est l'évolution de la situation des pays de l'Est.
D'abord, l'Allemagne de l'Est, comme on l'a vu précédemment, a tenté de vanter les mérites de sa politique communiste à travers ses effets
sur les sportifs. Puis à la suite de la perestroîka en URSS entraînant une crise politique dans le bloc de l'Est, la R.D.A. et la R.F.A. se sont
réunifiées. En 1980, l'URSS fut l'objet de la plus grande controverse depuis les jeux de Berlin avec le boycottage des Jeux de Moscou. Les
raisons invoquées furent l'invasion des soviétiques en Afghanistan en décembre 1979, la mise en résidence surveillée en Sibérie de l'écrivain
Sakharov pour sa critique du système communiste et le non respect des droits de l'homme par le régime de Leonid Brejnev. Cinquante-huit
nations dont les USA refusèrent de participer aux Jeux pour attirer l'attention des pays de l'Est tel que la R.D.A., sur les dangers de la
politique soviétique. En retour de ce boycott massif, l'URSS et 16 autres pays communistes ne participèrent pas aux Jeux de 1984 à
Los Angeles. C'est avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir que la situation politique soviétique a changé. Ainsi, les derniers J.O. ont été
marqués par l'absence de drapeaux et d'hymnes nationaux lors des remises de médailles. En effet la participation d'une équipe unifiée et
non pas soviétique reflétait la fin de l'URSS. Les athlètes, de l'une des plus grandes équipes d'Europe et du monde, ont, depuis 1992, été
dispersés en de nombreuses et souvent minimes délégations de nations en crises politiques, économiques et sociales; et cela malgré la
fraternité qui unissait les sportifs de l'ex-URSS. Les J.O. ont aussi été les spectateurs de l'indépendance des pays baltes avec la
participation de trois équipes nationales différentes pour l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie. Ils furent aussi le reflet de l'éclatement de
la Yougoslavie avec la seule participation d'une équipe Croate aux Jeux de Barcelone après la reconnaissance de l'indépendance de cet
état par l'ONU en mars 1992 sachant qu'à Albertville une délégation unique représentait encore toute la Yougoslavie. Il faut aussi
évoquer les événements de 1956 et la crise de Budapest qui se placent dans le contexte de la guerre froide. A la suite de la répression
par les chars de l'insurrection hongroise contre la domination soviétique la Suisse, l'Espagne et les Pays Bas n'envoyèrent pas de
délégations à Melbourne. L'équipe hongroise porta un brassard noir et sur 112 membres, 68 restèrent dans la ville hôte pour ensuite
émigrer aux Etats Unis.

C- L'influence de la guerre froide en Europe

Mais les Jeux de 1956 laissèrent aussi filtrer d'autres tensions politiques liées à l'affaire du canal de Suez. L'Egypte, l'Irak et le Liban
ne participèrent pas aux Jeux car ils n'avaient pas obtenu d'exclusion des équipes françaises et anglaises ainsi que celle d'Israël.
Cependant les Jeux ne furent pas seulement le reflet de la situation politique internationale, mais aussi le théâtre d'actions terroristes
en Europe à Munich en 1972. Les Jeux sont malheureusement un moyen d'attirer l'attention sur des problèmes politiques graves. A Munich,
huit terroristes palestiniens prirent en otage huit athlètes israéliens. Le gouvernement allemand, heureux de pouvoir se racheter des Jeux de
1936 ne sut pas faire face à la situation. A la suite d'un assaut de la police allemande, tous les otages, des policiers et des membres du
complot furent tués.

Le mouvement olympique, comme le souhaitait Pierre de Coubertin n'a pas pu et ne pourra sans doute jamais exister indépendamment de la
politique, comme le disait Avery Brundage président du C.I.O. en 1956 : "Autrefois les nations interrompaient leurs guerres pour prendre
part aux Jeux. Aujourd'hui nous interrompons les Jeux pour poursuivre nos guerres."
 

IV- Economie 

A- Les Jeux : tremplin économique ou gouffre financier ?

Plus qu'une vitrine politique, les Jeux Olympiques représentent un enjeu économique pour le pays organisateur mais ils se sont souvent
avérés être à la source de gouffres financiers. Les Jeux d'Anvers en 1920 et ceux de Londres en 1948 laissèrent transparaître les problèmes
de la reconstruction consécutive aux deux guerres mondiales, même si les jeux n'eurent pas de répercussions sur l'économie de ces pays,
les Olympiades passant au second plan. Les Jeux de Chamonix en 1924 ne coûtèrent que 300 000 francs. Mais c'est aussi en France à
Grenoble en 1968 que l'on se préoccupa pour la première fois des retombées économiques de cette manifestation. En effet plus de 500
millions de francs ont été investis pour permettre à la ville de moderniser son équipement sportif et touristique. Pour le gouvernement ces
Jeux devaient permettre la conquête du marché touristique international et influencer par conséquent l'expansion de l'industrie française.
Cependant, on parle encore aujourd'hui du remboursement de ces Jeux à Grenoble, même s'ils ont permis la modernisation de la ville
indispensable à l'époque, surtout au niveau du réseau routier. Les problèmes furent beaucoup plus importants à Munich en 1972 où le budget
définitif dépassa de 350% les estimations initiales. En 1976, à Innsbruck, le coût des Jeux fut multiplié par cinq. La volonté d'organiser à
chaque fois les plus beaux Jeux a souvent poussé les organisateurs à des dépenses astronomiques . Les Jeux de Montréal (1976) furent le
plus grand gouffre financier. Mais le plus souvent, les Olympiades ont été un réel tremplin économique, industriel et touristique. En effet,
après 1976, les organisateurs tentèrent de ne pas tomber dans des excès financiers? Les Jeux d'été de 1992 à Barcelone sont un bon exemple
de l'utilisation du mouvement olympique comme tremplin Européen. A travers la télévision et grâce à l'attraction des spectateurs, l'Espagne
a su montrer ses qualités touristiques mais aussi industrielles à tous les pays Européens. Elle a réussi à se hisser au rang d'une puissance
utile à la CEE. Albertville s'est aussi servi de l'opportunité d'organiser les Jeux d'hiver pour vanter son industrie, pour se doter en 4 ans
d'un complexe routier que la région aurait construit en 10 ans sans la dynamique des Jeux. De plus, ils ont créé de nombreux emplois dans
les secteurs de travaux publics et dans l'immobilier. Ils ont aussi poussé à la création d'entreprises à vocation souvent Européenne, aidée
par la situation géographique de la Savoie au coeur de l'Europe. D'autre part, l'écologie tient maintenant une place importante dans le choix
des sites et des installations sportives. A Albertville, les organisateurs se sont souciés de préserver l'environnement lors de la construction
de sites de compétition. Mais c'est surtout avec les prochains Jeux de 1994 à Lillehammer que le facteur écologique sera le plus pris en
compte, la préservation de la nature étant l'une des principales luttes de la Norvège. Pour les Norvégiens, les J.O. représentent aussi un
moyen de valoriser leurs ambitions Européennes.

Les Jeux ne sont plus depuis 1976 considérés comme un simple événement sportif mais ils génèrent une activité économique importante
dont les conséquences peuvent être catastrophiques mais, heureusement le plus souvent, très profitables pour les pays hôtes. Les masses
financières engagées sont souvent phénoménales et ce n'est que grâce à la commercialisation de l'emblème des Jeux par les partenaires et
avec l'aide de la télévision que le budget reste équilibré.

B- Financement des Jeux

Le financement des Jeux est depuis 1980 réglé par le C.I.O.. Les bénéfices des Jeux servent à couvrir les dépenses, et le solde est consacré
aux sports par le programme de solidarité olympique. La plus grande partie du financement des Jeux provient des droits de retransmission
télévisée. Les Jeux de Rome furent les premiers à être retransmis en Eurovision. Depuis, les droits de diffusion n'ont cessé de croître.
A Albertville, ils ont atteint 1,236 milliards de francs dont 926 millions pour la chaîne américaine CBS. D'autre part, le financement des Jeux
provient de l'utilisation réglementée des différents symboles olympiques. Aux Jeux d'Albertville, cela a rapporté 1,12 milliards de francs. Mais
les Jeux, financés jusqu'en 1948 par les membres du C.I.O., sont maintenant payés par les sponsors, partenaires officiels et autres parrains
qui peuvent, eux aussi, utiliser les emblèmes olympiques. Depuis 1988, le C.I.O. a créé le TOP, programme regroupant une dizaine d'entreprises
internationales qui peuvent commercialiser l'ensemble des épreuves dans le monde entier. Ils apportèrent 145 millions de francs à Albertville.
Ensuite d'autres entreprises (club Coubertin en Savoie) peuvent utiliser l'emblème olympique dans le pays organisateur seulement. Cela
représentait 762 millions de francs en France. Les fournisseurs officiels permettent aussi de réduire les dépenses en donnant l'alimentation,
l'habillement, le matériel de bureau et médical. Il faut souligner la présence depuis 1928 de la firme Coca-Cola dans tous les Jeux Olympiques.
L'investissement colossal de la Compagnie dans ces manifestations a peut-être joué dans le choix d'Atlanta, siège de la société, pour les
Jeux de 1996.

Les Jeux sont aujourd'hui un vrai calcul économique, tant du point de vue de l'organisation et de la rentabilité, que de celui des conséquences
socio-économiques engendrées par la notoriété qui découle de cette manifestation.
 
 
 
 

Les Jeux Olympiques, dont les ambitions furent d'abord européennes, sont devenus une véritable religion universelle du XXème siècle,
grâce à la philosophie de Pierre de Coubertin mettant en valeur la démocratie, l'union des athlètes et des nations vers un même idéal:
la recherche de la perfection. Malgré le poids grandissant de la politique et l'enjeu économique qu'il représente aujourd'hui, les Jeux
Olympiques resteront une manifestation sportive d'exception.